| Manifeste
Quelle vision d’avenir voulons-nous, pour nous et pour notre société?
Il est normal de ne pas tout savoir, de douter, de ne pas être d’accord. Il est normal de penser autrement. Il est normal d’avoir peur. Peur de passer pour quelqu’un que l’on n’est pas, peur d’être perçu.e comme ignorant.e, peur d’être étiqueté.e... La peur provoque davantage de confrontations que de conversations. La peur nous pousse à nous cacher derrière des groupes ou des profils, plutôt que d’assumer nos responsabilités. La peur ne nous invite pas à réfléchir ni à agir, elle nous force à subir.
Il s’agit d’apprendre à être libre. Libre dans sa pensée, libre de tout assujettissement. Apprendre à réfléchir et décider, pour ne pas être le jouet, le sujet d’autres personnes, d’une majorité. Devenir réellement libre, c’est apprendre à se gouverner, à formuler sa pensée, décider jusqu’où l’on est d’accord et jusqu’où on ne l’est plus, plutôt que de répéter des opinions et tomber dans une vision binaire d’un pour et d’un contre. On ne naît pas avec une opinion, un jugement, on les construit. Comment? En prenant le temps de formuler sa pensée, la préciser, l’aiguiser par la documentation et l’exprimer clairement, de manière logique et argumentée; mais aussi en la mettant en perspective avec des pensées différentes, en lui laissant le temps de cheminer. Être libre c’est aussi faire ce choix de prendre le temps pour s’instruire, se construire et s’élever.
La conversation, le dialogue, le débat n’ont pas pour but d’affirmer des opinions ou des vérités absolues, mais plutôt de participer à un cheminement collectif propice à la réflexivité. C’est par ce collectif que peut s’exprimer le “je” véritable. Ce sont des moyens pour formuler et évaluer des arguments, pour comprendre nos propres positions et celles des autres, bien qu’elles puissent être différentes, et pour s’enrichir et pour inventer.
Quelle vision d’avenir voulons-nous, pour nous et pour notre société?
Dès le plus jeune âge, nous apprenons à lire et à écrire. Et si nous apprenions également à parler et écouter? Ecouter implique une attitude très vigilante du corps et de l’esprit. Écouter est la clé pour se comprendre, comprendre l’autre et le monde. La vision de conversari est celle d’une civilisation responsable et courageuse, libre de s’exprimer, de dialoguer ou de débattre de manière éclairée, nuancée et respectueuse des différences qui enrichissent nos perspectives. La vision de conversari est la création d’un lien fort avec nous même, les autres et le monde.
| Constats
Nos sociétés démocratiques sont basées sur la libre circulation des idées, il est pourtant devenu plus commun de se battre que de débattre, les rapports de confrontation ont pris le pas sur de réelles conversations. Il est de plus en plus rare de prendre la parole en son nom propre, et, libéré de cette responsabilité, la pensée n’est plus formulée, précisée, l’esprit critique n’est plus exercé.
S'il y a un débat, le désaccord ou le compromis est malvenu, l’absence d’opinion et le doute inacceptables. Souvent le débat semble impossible, par peur du jugement, par difficulté à remettre en cause les sujets de fond, par sentiment de manquer de connaissances ou d’éloquence. Le risque est alors de laisser les autres prendre la parole, choisir, décider.
Avec le développement des outils numériques, il est de moins en moins fréquent de prendre le temps de formuler et clarifier sa pensée, de préciser son langage. Au contraire, l’usage d’un langage vague, d’approximations et de généralités, renforce les problèmes de communication et rend difficile la compréhension mutuelle.
A l’ère des réseaux sociaux et nouvelles technologies, créés pour nous faire gagner du temps, nous subissons les algorithmes pour nous divertir et perdre du temps; le choix de nos activités nous échappe au profit d’une passivité face aux écrans. Il est nécessaire de réapprendre notre rapport au temps pour être libre et refuser toute manipulation extérieure, pour exprimer ses pensées plutôt que celles des autres.
Plus qu’une simple performance verbale, le débat incarne le développement d’un raisonnement argumenté, la tolérance pour des points de vue divergents et une rigueur personnelle. Le débat est un moyen pour celles et ceux qui ont des perspectives opposées d’en discuter les enjeux sans recourir aux émotions, aux parti-pris individuels ou aux insultes. Un bon débat ne finit pas nécessairement en un accord mais il permet une analyse solide de la question qui aura été remise en cause.
Aujourd’hui, sortir dans la rue, protester et s’indigner ne suffit plus pour faire changer les choses. Face aux flux permanents d’informations et d’indignations, face à l’opacité des propositions concrètes d’actions ou à la difficulté d’y accéder, il semble de plus en plus difficile de se mettre en action ou de tout simplement croire que c’est possible.
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| L'équipe
« Et la raison, la voici: c’est que le dieu me contraint d’accoucher les autres, mais ne m’a pas permis d’engendrer. Je ne suis donc pas du tout sage moi-même et je ne puis trouver aucune trouvaille de sagesse à laquelle mon âme ait donné le jour. »
| - Platon, « Théétète », 150 e, Dialogues de Platon